Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 2.djvu/184

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Lyonne, ministre et secrétaire d’État, et n’eut point d’enfants de sa seconde femme qui étoit Bautru, sœur de l’abbé de Vaubrun. Le cardinal d’Estrées obtint du roi le gouvernement de l’Île-de-France, etc., pour son petit-neveu, et de Monsieur, qui s’en fit honneur, la capitainerie de Villers-Cotterêts que MM. d’Estrées avoient toujours eue par la bienséance de leur petit gouvernement de Soissons.

M. de Chaulnes mourut enfin de douleur de l’échange forcé de son gouvernement de Bretagne, où il étoit adoré, et qui lui donna jusqu’au bout, et corps et particuliers, les marques les plus continuelles de sa vénération, de son attachement et de ses regrets. On eut grande peine à obtenir de lui la démission du gouvernement de Guyenne, dont on lui avoit d’abord expédié les provisions pour l’échange. Cette démission étoit nécessaire pour expédier les mêmes provisions au duc de Chevreuse, et en même temps la survivance au duc de Chaulnes, mais avec le commandement et les appointements privativement au duc de Chevreuse. C’est ainsi que depuis que le roi s’étoit fait une règle de ne plus accorder de survivances, il les donnoit, en effet, mais sous une autre forme, et comme à l’envers, mais fort rarement. Ce ne fut qu’environ deux mois avant la mort de M. de Chaulnes qu’il y consentit enfin, mais sans un vrai retour, ni de lui ni de la duchesse de Chaulnes, pour M. ni Mme de Chevreuse, et sans avoir jamais voulu ouïr parler de Guyenne, ni de quoi que ce fût qui eût rapport à ce gouvernement.

J’ai assez parlé de ce seigneur pour n’avoir rien à y ajouter, si ce n’est que ce fut une grande perte pour ses amis, et il en avoit beaucoup. Il fut regretté de tout le monde, et, en Bretagne, ce fut un deuil général. Il ne laissa point d’enfants, mais force dettes. Tous deux étoient fort magnifiques, et ne s’étoient jamais souciés de laisser grand’chose au duc de Chevreuse, leur héritier substitué, ou plutôt son second fils par son mariage. Les profits immenses du droit d’amirauté