Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 2.djvu/185

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de Bretagne, attachés au gouvernement de cette province, et qui pendant les guerres avoient été fort hauts, avoient fait croire qu’il laisseroit beaucoup de richesses. Il se trouva qu’il avoit tout dépensé, et qu’il avoit disposé par un testament en legs pieux et de domestiques, et en quarante mille livres à son ami intime le chancelier, de tout ce qui lui restoit à donner. M. de Chevreuse en eut cent dix mille livres de rente du gouvernement, et son second fils, beaucoup de meubles précieux et d’argenterie avec Chaulnes et Picquigny en payant les dettes.

La duchesse du Choiseul, sœur de La Vallière, mourut aussi en même temps, pulmonique, belle et faite au tour, avec un esprit charmant, et à la plus belle fleur de son âge, mais d’une conduite si déplorable, qu’elle en étoit tombée jusque dans le mépris de ses amants. J’en ai suffisamment parlé ailleurs. Son mari, amoureux et crédule, jusqu’à en avoir quitté le bâton de maréchal de France, comme je l’ai raconté, brouillé et séparé après coup, ne voulut pas même la voir à sa mort.



CHAPITRE XII.


Camp de Compiègne superbe ; magnificence inouïe du maréchal de Boufflers. — Dames s’entassent pour Compiègne. — Ducs couplés à Compiègne. — Ambassadeurs prétendent le pour. — Distinction du pour. — Logements à la suite du roi. — Voyage et camp de Compiègne. — Plaisante malice du duc de Lauzun au comte de Tessé. — Spectacle singulier. — Retour de Compiègne.


Il n’étoit question que de Compiègne, où soixante mille hommes venoient former un camp. Il en fut en ce genre comme du mariage de Mgr le duc de Bourgogne au sien. Le