Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 2.djvu/198

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distribua quelques grâces dans sa maison. Il fit au maréchal de Boufflers un présent de cent mille francs[1]. Tout cela ensemble coûta beaucoup ; mais pour chacun ce fut une goutte d’eau. Il n’y eut point de régiment qui n’en fût ruiné pour bien des années, corps et officiers, et pour le maréchal de Boufflers, je laisse à penser ce que ce fut que cent mille livres à la magnificence incroyable, à qui l’a vue, dont il épouvanta toute l’Europe par les relations des étrangers qui en furent témoins, et qui tous les jours n’en pouvoient croire leurs yeux.




CHAPITRE XIII.


La belle-fille de Pontchartrain et son intime liaison avec Mme de Saint-Simon. — Amitié intime entre Pontchartrain et moi. — Amitié intime entre l’évêque de Chartres et moi. — Le Charmel ; ma liaison avec lui. — Méprise de M. de la Trappe au choix d’un abbé, et son insigne vertu. — Changement d’abbé à la Trappe.


L’intervalle est si court entre le retour du roi le 24 septembre de Compiègne, et son départ le 2 octobre pour Fontainebleau, que je placerai ici une chose qui fut entamée avant le premier de ces deux voyages, et qui ne fut consommée qu’au retour du second. Elle semblera peu intéressante parmi tout ce qui l’a précédée et la suivra, mais j’y pris trop de part pour l’omettre, et je ne la puis bien expliquer sans rappeler ma situation avec quelques personnes. La première me fait trop d’honneur pour n’être pas embarrassé à la rapporter ; mais, outre que la vérité doit l’emporter sur toute autre considération, c’est qu’elle a influé depuis sur tant de choses importantes qu’il n’est pas possible de l’omettre.

  1. Le manuscrit porte ici francs et non livres. Saint-Simon se sert des deux mots indifféremment.