Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 2.djvu/238

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qui étoient pour le maréchal de Brissac et pour tous ses hoirs sortis de son corps, et de degré en degré, en légitime mariage et successeurs mâles. Ainsi, son second fils, père de Cossé, et sa postérité masculine, étoient appelés au défaut de la postérité masculine aînée. Le cas arrivoit, et il étoit clair que l’intention du roi concesseur étoit : que tout mâle sorti par mâle du maréchal de Brissac recueillit à son rang d’aînesse la dignité de duc et pair. Il est vrai que par successeur la nécessité étoit imposée d’avoir la terre ; mais puisqu’on ne pouvoit nier la volonté du roi concesseur être telle qu’elle vient d’être expliquée, la conséquence suit évidemment en faveur de la renonciation. Mais ce n’étoit pas là tout : l’érection appeloit bien les collatéraux, mais l’enregistrement du parlement les avoit exclus, et c’étoit au parlement à qui l’on avoit affaire, non pas contentieusement avec des parties, mais pour recevoir Cossé en qualité de duc de Brissac et de pair de France, après que les affaires liquidées avec les créanciers l’auroient mis en état de s’y présenter.

Je n’avois eu garde de laisser sentir au duc de Rohan aucune de ces difficultés. Celle des créanciers, qui étoit publique, l’avoit occupé lui et les ducs qui s’étoient voulu opposer, et ils n’avoient envisagé qu’en gros, et à travers un brouillard, celle de la nécessité de la renonciation de la maréchale de Villeroy. Je fus le conseil de Cossé, non sur les discussions des créanciers, mais sur ce qui regardoit intrinsèquement la succession à la dignité. Il venoit presque tous les jours chez moi, ou y envoyoit tant que l’affaire dura, qui ne fut pas sans épines fréquentes et fortes, et qui passa la révolution de cette année.

À la suite de ce récit de pairie, j’en ferai un autre, à peu près de la même matière, sur ce qui arriva le 6 janvier chez Mme la duchesse de Bourgogne, à l’audience de M. le comte de Jersey, ambassadeur d’Angleterre. Je serois trop long, et sortirois du dessein de ces Mémoires, si j’entreprenois d’expliquer