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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 2.djvu/255

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l’étoit comme elle de l’électeur palatin, par conséquent parente et de même maison de l’électeur de Bavière. Malgré la haine des deux branches électorales, depuis l’affaire de Bohème, on crut que l’amour de la maison l’avoit emporté sur celui des proches, et que la reine, menée par la Berlips, avoit eu grande part à la disposition du roi d’Espagne.

Il fit un testament par lequel il appela à la succession entière de toutes ses couronnes et États le prince électoral de Bavière, qui avoit sept ans. Sa mère, qui étoit morte, étoit fille unique du premier lit de l’empereur Léopold, et de Marguerite-Thérèse, sœur du roi d’Espagne, tous deux seuls du second lit de Philippe IV et de la fille de l’empereur Ferdinand III ; je dis seuls, parce que tous les autres sont morts sans alliance. La reine épouse de notre roi était par cette raison seule du premier lit du même Philippe IV, et d’une fille de notre roi Henri IV et sœur aînée du père du roi d’Espagne et de l’impératrice, mère de l’électrice de Bavière, dont le fils, en faveur duquel ce testament se fit, étoit en effet le véritable héritier de la monarchie d’Espagne, si on a égard aux renonciations du mariage du roi et de la paix des Pyrénées. Dès que ce testament fut fait, le cardinal Portocarrero le dit en grand secret au marquis d’Harcourt, qui dépêcha d’Igulville au roi avec cette nouvelle. Le roi, ni lors, ni depuis qu’elle fut devenue publique, n’en parut pas avoir le plus léger mécontentement. L’empereur n’en dit rien aussi. Il espéroit bien cette vaste succession, et réunir dans sa branche tous les États de sa maison. Mais son conseil avoit ses ressources accoutumées. Il n’y avoit pas longtemps qu’il s’en étoit servi pour se défaire de la reine d’Espagne, fille de Monsieur, qui n’avoit point d’enfants, et qui prenoit à son gré trop de crédit sur le roi son mari. Le prince électoral de Bavière mourut fort brusquement les premiers jours de février, et personne ne douta que ce ne fût par l’influence du conseil de Vienne. Ce coup remit l’empereur dans ses premières espérances,