CHAPITRE XVIII.
Pensées et desseins des amis de M. de Cambrai. — Duc de Beauvilliers prend à la grande direction la place du chancelier absent. — Naissance de mon second fils. — Voyage très-singulier d’un maréchal de Salon en Provence, à la cour. — Le roi partial pour M. de Bouillon contre M. d’Albret. — Mort de Saint-Vallier, du duc de Montbazon, de Mirepoix, de la duchesse Mazarin, de Mme de Nevet, de la reine de Portugal. — Séance distinguée de M. du Maine en la chambre des comptes. — Filles d’honneur de la princesse de Conti douairière mangent avec Mme la duchesse de Bourgogne. — Dédicace de la statue du roi à la place de Vendôme. — Cause du retardement de l’audience de Zinzendorf. — Le roi ne traite le roi de Danemark que de Sérénité, et en reçoit la Majesté. — Mort de la duchesse douairière de Modène. — Fortune et mort du chancelier Boucherat. — Candidats pour les sceaux : Harlay, premier président ; Courtin, doyen du conseil ; d’Aguesseau, Pomereu, La Reynie, Caumartin, Voysin, Pelletier-Sousy. — Fortune de Pontchartrain fait chancelier.
Les amis de M. de Cambrai s’étoient flattés que le pape, charmé d’une
soumission si prompte et si entière, et qui avoit témoigné plus de déférence
pour le roi que tout autre sentiment dans le jugement qu’il avoit rendu, le
récompenseroit de la pourpre ; et en effet il y eut des manèges qui tendoient
là. Ils prétendent encore que le pape en avoit envie, mais qu’il n’osa jamais
voyant que, depuis cette soumission, sa disgrâce n’étoit en rien adoucie. Le
duc de Béthune, qui venoit toutes les semaines à Versailles, y dînoit assez
souvent chez moi, et ne pouvoit avec nous s’empêcher de parler de M. de
Cambrai : il savoit qu’il y étoit en sûreté, et outre cela mon intimité avec M. de Beauvilliers. Cette espérance du cardinalat perdue, il se lâcha un jour chez
moi jusqu’à nous dire qu’il avoit toujours cru le pape infaillible ;