Aller au contenu

Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 2.djvu/360

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’autre MM. de Nemours, si unis aux Guise leurs frères utérins, voulurent partager cet avantage. Ils n’y trouvèrent point de difficulté de leur part, puis M. de Longueville et les ambassadeurs, accoutumés à être menés par des princes de la maison de Lorraine, se le trouvèrent également bien par ceux de la maison de Savoie et par une autre maison bien inférieure, mais qui ne cédoit rien à ces deux-là en avantages.

C’est ce qui a fait que longues années après, MM. de Bouillon et de Rohan, ayant obtenu les mêmes distinctions que MM. de Lorraine avoient usurpées pendant la Ligue, et qu’ils ont bien su se conserver depuis, et qui ont été étendues à MM. de Savoie, etc., ils n’ont pu néanmoins atteindre à celle de mener les ambassadeurs à l’audience, qui ont fort bien su dire que le rang qui leur avoit été donné ne les rendoit pas princes, et qu’ils ne se départiroient point d’en avoir de véritables et non de factices pour conducteurs. Quand la chose fut bien établie, et que la maison de Lorraine se vit en état de tout entreprendre, arrivée qu’elle fut par les dignités et les offices de l’État qu’elle sut si bien faire valoir contre les princes du sang, et que, pièce à pièce, et de conjonctures en conjonctures, et d’occasion en occasion, elle fut venue à bout de se former un rang par naissance, et des distinctions différentes de celles des rangs de l’État, elle imagina de faire accompagner les ambassadeurs à leur entrée par des maréchaux de France, pour marquer par là leur supériorité sur les officiers de la couronne. Il y avoit alors très-peu de ducs qui ne fussent pas princes du sang ou de maison souveraine, et on n’avoit point encore vu de maréchaux de France ducs. Il n’y en a eu que bien depuis que cette conduite aux entrées a été établie. Longtemps encore depuis, les maréchaux de France qui étoient ducs n’y étoffent pas employés. À la fin ils l’ont été aussi comme à une fonction attachée à leur office de maréchal, comme tels et non comme ducs, et insensiblement ç’a été un nouveau degré de distinction pour les princes à