Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 2.djvu/359

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ne se couvrit plus devant le roi à l’ordinaire de la vie, ni dans les cérémonies, hors celles où cela fut ou réservé ou marqué, comme au sacre, aux pompes funèbres, aux cérémonies de l’ordre, et alors il ne s’agissoit point d’être prince, mais seulement d’avoir l’office qui faisoit qu’on étoit couvert, comme les pairs et les officiers de la couronne au sacre et au lit de justice, tout le monde aux convois des pompes funèbres, et tous les chevaliers au chapitre et au festin de l’ordre. Les ambassadeurs étoient reçus et accompagnés par des chambellans du roi à leur entrée et à leur audience, et cela a duré jusqu’à la puissance des Guise et à leurs projets. Comme M. de Guise fut le premier qui fit ajouter à la formule de son serment de pair ces paroles à la suite des autres si différentes : Et comme un bon conseiller de cour souveraine, pour flatter le parlement et la magistrature, ce qui a été ôté longtemps depuis ; comme il fut le premier homme non seulement de sa dignité et de son état, mais de quelque distinction, qui ait été marguillier d’honneur de sa paroisse pour s’attirer la bourgeoisie, au delà de laquelle cette marguillerie n’avoit jamais passé ; aussi dans ces mêmes desseins voulut-il gagner les puissances étrangères et s’en attacher les ambassadeurs.

Comme il pouvoit des choses assurément plus importantes, il mit en usage de conduire à l’audience de cérémonie ceux des premières têtes couronnées, c’est-à-dire du pape, de l’empereur et des rois d’Espagne et d’Angleterre, sous prétexte de sa charge de grand chambellan, et de les présenter au roi.

Eux se trouvèrent bien plus honorés d’être menés par lui que par des chambellans, et cette conduite leur donnoit occasion de civilités qui introduisoient visite, commerce et affaires. De M. de Guise l’usage par ces mêmes raisons s’en étendit peu à peu à ses enfants, à ses frères, puis à ses cousins, d’abord pour le suppléer, dans la suite comme une distinction qu’ils avoient acquise par l’usage, et comme un honneur dont les ambassadeurs ne voulurent plus se départir. De l’un à