Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 2.djvu/380

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Ce présent ne fut pas gratuit. Mme de Montespan étoit déjà dans la pénitence, elle avoit renvoyé au roi depuis quelque temps un parfaitement beau fil de perles qu’elle en avoit eu, et qu’il donna encore augmenté à Mme la duchesse de Bourgogne ; il était alors de vingt et une perles admirables, et valoit cent cinquante mille livres.

Mme de Montespan, entre autres réparations, s’appliquoit à former du bien à d’Antin. Elle auroit pu mieux choisir qu’Oiron, beau château et beau parc à la vérité en Poitou, et qui avoit fait la demeure et les délices des ducs de Roannois ; mais cette terre relevoit de celle de Thouars avec une telle dépendance, que toutes les fois qu’il plaisoit au seigneur de Thouars il mandoit à celui d’Oiron qu’il chasseroit un tel jour dans son voisinage, et qu’il eût à abattre une certaine quantité de toises des murs de son parc pour ne point trouver d’obstacles en cas que la chasse s’adonnât à y entrer. On comprend que c’est un droit si dur qu’on ne s’avise pas de l’exercer ; mais on comprend aussi qu’il se trouve des occasions où on s’en sert dans toute son étendue, et alors que peut devenir le seigneur d’Oiron ?




CHAPITRE XXIII.


Force bals à la cour. — Bal de M. le Prince ; quatre visages. — Malice cruelle de M. le Prince à un bal à Marly. — Ordre des bals chez le roi. — Bal de la chancellerie. — M. de Noirmoutiers ; ses mariages. — La Bourlie hors du royaume. — Dettes de jeu de Mme la Duchesse payées par le roi. — Langlée. — Acquisition de l’hôtel de Guise. — Abbé de Soubise passe adroitement chanoine de Strasbourg ; ses progrès. — Cardinal de Fürstemberg ; sa famille. — Comtesse de Fürstemberg. — Coadjutoreries de Strasbourg. — Conduite et disgrâce du cardinal de Bouillon ; sa désobéissance. —