Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 3.djvu/207

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CHAPITRE XI.


Dangereuse maladie de Mme la duchesse de Bourgogne. — Malice du roi à M. de Lauzun. — Spectacle singulier chez Mme la duchesse de Bourgogne convalescente. — Mort de Saint-Herem ; singularité de sa femme. — Mort de la maréchale de Luxembourg. — Mort de Mme d’Épernon, carmélite. — Mort du marquis de Lavardin. — Villars de retour de Vienne, et d’Avaux de Hollande. — Matignon gagne un grand procès contre un faussaire. — Villeroy en Italie. — M. de Savoie à l’armée. — Combat de Chiari. — Étrange mortification du maréchal de Villeroy par M. de Savoie. — Villeroy et Phélypeaux fort brouillés. — Frauduleuse inaction en Flandre. — Castel Rodrigo ambassadeur à Turin pour le mariage, et grand écuyer de la reine. — San-Estevan del Puerto majordome-major de la reine. — Choix, fortune et caractère de la princesse des Ursins, camarera-mayor de la reine. — Mme des Ursins évite Turin. — Légat a latere à Nice vers la reine d’Espagne. — Philippe V proclamé aux Indes, va en Aragon et à Barcelone. — Louville chef de la maison française du roi d’Espagne et gentilhomme de sa chambre. — La reine d’Espagne, charmante, va par terre en Catalogne. — Épouse de nouveau le roi à Figuères. — Scène fâcheuse. — Ducs d’Arcos et de Baños à Paris, puis en Flandre.


Mme la duchesse de Bourgogne, qui, par ses caresses, son enjouement, sa soumission, ses attentions continuelles à plaire au roi et à Mme de Maintenon, qu’elle appeloit toujours sa tante, leur avoit entièrement gagné le cœur, et usurpé une familiarité qui les amusoit, pour s’être baignée imprudemment dans la rivière après avoir mangé beaucoup de fruit, tomba dans une grande fièvre vers les premiers jours d’août, comme on étoit sur le point d’aller à Marly. Le roi, dont l’amitié n’alloit pas jusqu’à la contrainte, ne voulut ni retarder son voyage ni la laisser à Versailles. Le