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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 3.djvu/251

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ne dis pas que cela ne se puisse trouver, mais je dis que cela est extrêmement difficile. Il ne faut pas oublier que les héritiers de ces substitutions héritent aussi de tous les domestiqués, femmes et enfants de ceux dont ils héritent, qui se trouvent chez eux ou entretenus par eux ; de manière que, par eux-mêmes ou par ces successions, ils s’en trouvent infiniment chargés. Outre leur logement, chez eux ou ailleurs, ils leur donnent à chacun une ration par jour, suivant l’état et le degré de chaque domestique, et à tout ce qui en peut loger chez eux deux tasses de chocolat à chacun tous les jours. Du temps que j’étois en Espagne, le duc de Medina-Celi, qui, à force de substitutions accumulées dont il avoit hérité, était onze fois grand, et qui depuis a hérité encore de plusieurs autres grandesses, avoit sept cents de ces rations à payer par jour. C’est aussi ce qui les consume.

Mais pour revenir à ces héritages, il arrive souvent que les héritiers par femmes des grandes maisons et par plusieurs degrés femelles laissent tout à fait leurs propres noms et armes, que dans la suite un cadet reprend quelquefois, tellement que, dans la multitude des noms et des armes, qui souvent ne se suivent pas, quelquefois même dans l’unicité, ce n’est pas une petite difficulté parmi les Espagnols, même entre eux, de démêler le vrai nom d’avec ceux qui ont été ajoutés, ou de savoir si tel nom qui se porte seul est le véritable. Ainsi des armes de celles-ci je n’en ai pu avoir le temps que fort en gros. Pour les noms, c’est ce qui m’a donné le plus de peine à bien éclaircir sur les lieux avec ceux qui passoient pour être les plus instruits sur ces matières et sur celles de la grandesse, d’aucun desquels je n’ai été plus satisfoit ni plus pleinement que du profond savoir du duc de Veragua, fils de celui dont j’ai fait mention en parlant du testament de Charles II, qui m’a fait la grâce de vouloir bien m’en instruire avec une bonté, une simplicité, une patience et une exactitude peu