Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 3.djvu/293

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les fils aînés des grands un carreau. J’en eus ainsi, et mon deuxième fils, dans la cathédrale de Tolède, à la grand’messe et au sermon, et le comte de Lorges un carreau. Mon fils aîné étoit demeuré malade à Madrid. Ce carreau du comte de Larges m’en fit demander pour le comte de Céreste, frère du marquis de Brancas, pour l’abbé de Saint-Simon et pour son frère, et je ne les eus qu’à grand’peine et par considération pour moi, comme ils me le dirent nettement. Tous les chanoines étoient en place. On connoît la dignité et les richesses de cette première église d’Espagne ; j’en parlerai ailleurs.

Je remets aussi en son temps à expliquer la cérémonie du baptême de l’infant don Philippe, où tous les grands et grandes, leurs fils aînés et belles-filles, furent invités, et les plus près du roi et de la cérémonie. Je me contenterai ici de remarquer qu’ils eurent le dégoût, et qui fit du bruit et de grandes plaintes, d’y porter les honneurs, qui ne le devoient être que par les majordomes.

Ils ont partout les honneurs civils, c’est-à-dire ce que nous appelons en France le vin, les présents et les compliments des villes et des notables. Ils ont le canon, la garde et tous les honneurs militaires, la première visite des vice-rois et capitaines généraux des armées et des provinces, et la main chez eux pour une seule fois, s’ils sont officiers ou sujets du pays où le vice-roi commande, chez lequel ils conservent d’autres sortes de distinctions sur les autres seigneurs des mêmes pays non grands, et servent suivant leur grade militaire. J’ai expliqué cela plus haut, ainsi que les honneurs qu’ils ont chez le pape, pareils à ceux des souverains d’Italie, et dans Rome, semblables en tout aux distinctions des deux princes du Soglio, qui eux-mêmes sont grands.

Le rang, qui s’est peu à peu introduit en France tel que nous l’y voyons de prince étranger, soit en faveur des cadets de maisons souveraines, soit en faveur de maisons de seigneurs