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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 3.djvu/313

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alors son gouverneur, qui sont entre les mains de tout le monde, où il touche ce fait sans la moindre affectation, parce qu’il appartient à ce qu’il raconte. Le duc de Rohan-Chabot, allant voyager à dix-sept ou dix-huit ans, M. de Lyonne lui donna une instruction en forme et signée, pour se conduire avec M. de Savoie également en tout, excepté la main, et pour la prétendre des électeurs, à plus forte raison de tous les autres souverains d’Allemagne et d’Italie, et de ne pas voir les électeurs s’ils en faisoient difficulté. Non seulement les ducs, comme tels, mais les maréchaux de France, généraux d’armée, ont toujours traité en égalité parfaite avec les électeurs et tous les autres souverains, comme on le voit par les lettres du maréchal de Créqui dernier, qui n’étoit point duc, et de tous les autres. Une méprise du maréchal de Villeroy à l’égard de l’électeur de Bavière fit la planche, et de cette planche il a résulté que ce même électeur, qui ne disputoit pas en Hongrie aux princes de Conti, à ce que M. le prince de Conti m’a dit et raconté plusieurs fois, prétendit, tout incognito qu’il étoit, la main chez Monseigneur, et fit si bien qu’il ne le vit chez lui que dans lés jardins de Meudon, sans mettre le pied dans la : maison, et qu’il montèrent en calèche pour s’y promener tous deux en même temps par chacun leur portière. Cette égalité avec le Dauphin n’étoit pas jusqu’alors entrée dans la tête d’aucun souverain non roi, et celuilà même avant le profit qu’il sut tirer de la lourde méprise du maréchal de Villeroy, n’avoit pas imaginé de disputer rien à un prince du sang, non plus que le fameux duc de Lorraine, qui commandoit en chef d’armée de l’empereur, dont il avoit l’honneur d’être le beau-frère, et les princes de Conti volontaires dans cette armée ; c’est ainsi que des dignités on entreprend sur leur source, et c’est ce que les papes et les rois d’Espagne ont sagement prévu et prévenu sur les cardinaux et les grands.

Dans l’intérieur, la même prévoyance, mais commune à