Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 3.djvu/316

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ordres. Cela fait un accompagnement de grande décoration au roi, et les nôtres en ont usé de même jusque vers les deux tiers du règne de Louis XIV ; ainsi je ne m’arrêterai pas à celui-ci, quoiqu’il paroisse beaucoup en Espagne, où pour les chapelles, les audiences publiques et mille occasions, il y en a de continuelles de ces avertissements aux grands, lesquelles presque toutes n’existent point en France et y ont toujours été rares de plus en plus.

L’autre avantage des grands en est un effectif ; la bonne foi veut qu’on l’avoue, mais il est l’unique à l’égard des ducs. C’est le rang et les honneurs de leurs fils aînés et des femmes de ces fils aînés, et quand ils n’ont point de fils, de celui ou de celle à qui la grandesse doit aller de droit après eux. Les distinctions des fils sont peu perceptibles, comme l’invitation dont on vient de parler, l’excellence qui s’est fort multipliée, le traitement de parent quand le roi leur écrit, et divers autres ; mais celles de leurs femmes ou de leur fille aînée, s’ils n’ont point de fils, sont pareilles en tout à celles des femmes des grands en tout et partout, à l’exception seule de l’étoffe de leurs carreaux chez la reine pour s’asseoir, ou devant elle à l’église pour se mettre à genoux (je l’ai dit plus haut), de velours pour les femmes des grands en toute saison, et de damas ou de satin en toute saison pour leurs belles-filles aînées. Or, il est vrai que cela n’a aucune comparaison avec les fils aînés des ducs et leurs femmes ; cela est sans doute accordé à ce qu’il n’y a jamais de démission en Espagne ; mais quelque anciennes que soient les nôtres qui ont commencé au dernier connétable de Montmorency, la bonne foi veut encore l’aveu que nos démissions ne couvrent point cette différence essentielle, parce que la démission opère un duc, qui par conséquent en a le rang et les honneurs, que le démis conserve aussi, au lieu que, sans démission, les fils aînés des ducs n’ont aucune distinction ni leurs femmes, et que les fils aînés des grands et leurs femmes ont comme tels toutes celles dont on