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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 3.djvu/322

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France s’est peu à peu aboli, même ne leur parlant pas. Chaque pays a ses usages particuliers qui se trouvent souvent la cause primitive et l’origine des distinctions. En France, ni homme ni femme ne baise la reine ; ce n’a été qu’au mariage du roi d’aujourd’hui que cet honneur a été accordé aux princes du sang ; mais les duchesses et les princesses étrangères ont celui de s’asseoir devant elle et les tabourets de grâce, et pour les hommes, les fils et petits-fils de France et les cardinaux, sans que les princes du sang qui l’ont tenté au mariage du roi d’aujourd’hui y aient pu parvenir, et qui, jusqu’à la mort du feu roi, ne l’ont jamais prétendu ; sans qu’en nul lieu que ce soit les dames assises se soient jamais tenues debout un instant en leur présence, ce qui auroit été regardé comme un grand manque de respect, parce qu’il n’y en peut avoir qu’un. Ainsi elles se levoient lorsqu’un prince du sang arrivoit où elles étoient assises, et se rasseyoient sur-le-champ ; ce qu’elles faisoient de même pour les principaux seigneurs. En Angleterre toutes les duchesses baisent la reine, et pas une n’est assise devant elle ; tellement que, lorsque les reines d’Angleterre, femmes de Charles Ier et de Jacques II, sont venues achever leur vie en France, elles y eurent le choix d’y traiter les Françaises assises à la manière Anglaise ou française, et elles choisirent la dernière ; il est donc vrai de dire que ces honneurs sont suivant les pays. Aussi a-t-on vu cette multitude de ricos-hombres cesser de se couvrir devant Philippe le Beau, père de Charles-Quint, par flatterie pour lui et pour faire dépit à Ferdinand son beau-père, et l’usage de recouvrir ne revenir que sous Charles-Quint, qui l’établit en la forme qu’il est demeuré lors de l’abolition de la rico-hombrerie et de l’établissement de la grandesse.

Il faut se souvenir encore plus de quelle façon s’est introduit l’usage de se couvrir devant le roi en France. On le peut voir plus haut et y remarquer que c’est celui des grands d’Espagne qui y donna lieu, par la liberté qu’un