Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 3.djvu/448

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des religionnaires qui quittoient le royaume. Les juifs, qui légalement n’étoient tolérés que dans la province d’Alsace, étoient aussi soumis à la surveillance des intendants. Ces magistrats prononçoient sur toutes les questions concernant les fabriques des églises paroissiales, et étoient chargés de pourvoir à l’entretien et à la réparation de ces églises, ainsi qu’au logement des curés. Toutes les questions financières qui touchoient aux églises étoient de leur compétence. Ils avoient la surveillance des universités, collèges, bibliothèques publiques. L’agriculture et tout ce qui s’y rattache, plantation de vignes, pépinières royales, défrichements et dessèchements, haras, bestiaux, écoles vétérinaires, eaux et forêts, chasse, etc., commerce, manufactures ; arts et métiers, voies publiques, navigation, corporations industrielles, imprimerie, librairie, enrôlement des troupes, revues, approvisionnement des armées, casernes, étapes, hôpitaux militaires, logement des gens de guerre, transport des bagages, solde des troupes, fortifications des places et arsenaux, génie militaire, poudres et salpêtres, classement des marins, levée et organisation des canonniers garde-côtes, désertion, conseils de guerre, milices bourgeoises, police, service de la maréchaussée, construction des édifices publics, postes, mendicité et vagabondage, administration municipale, nomination des officiers municipaux, administration des biens communaux, conservation des titres des villes, revenus municipaux, domaines, aides, finances, amendes, droits de greffe, droits du sceau dans les chancelleries, contrôle des actes et exploits, etc. : tels étoient les principaux objets dont s’occupoient les intendants. On peut juger par là de la puissance de ces magistrats, auxquels Saint-Simon compare les corrégidors de Madrid, en ajoutant que ces magistrats espagnols réunissoient à des fonctions si importantes celles des lieutenants civil, criminel et de police, des maires ou prévôts des marchands.


§ II. Lieutenants civil, criminel, de police ; prévôt des marchands.

Le mot lieutenant désignoit souvent, dans l’ancienne monarchie, un magistrat qui présidoit un tribunal subalterne (présidial, bailliage, etc.), en l’absence du bailli, prévôt ou sénéchal. Ces derniers étoient presque toujours des hommes d’épée, qui, dans l’origine avoient cumulé les fonctions militaires, financières et judiciaires ; mais, à mesure que l’administration étoit devenue plus compliquée, une seule personne n’avoit pu remplir des fonctions aussi diverses. Les baillis, prévôts ou sénéchaux, avoient conservé la présidence nominale des tribunaux, mais on leur avoit adjoint des lieutenants qui devoient être gradués en droit et qui rendoient la justice en leur nom. Les