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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 3.djvu/70

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bien servir ses amis, mais rarement, et n’en servoit point d’autres, et ne laissoit pas d’être en tout fort dangereux et de prendre en aversion sans cause, et alors de nuire infiniment.

M. de Vendôme revint d’Anet après avoir passé encore une fois par le grand remède. Il se comptoit guéri, et ne le fut jamais. Il demeura plus défiguré qu’il ne l’étoit auparavant cette deuxième dose, et assez pour n’oser se montrer aux dames et aller à Marly. Bientôt il s’y accoutuma et tâcha d’y accoutumer les autres. Ce ne fut pas sans dégoût, et sans chercher sa physionomie et ses principaux traits, qui ne se retrouvèrent plus ; il paya d’audace, en homme qui se sent tout permis et qui se veut tout permettre. Il avoit de bons appuis. C’étoit en janvier, et il y avoit des bals à Marly ; le roi s’en amusa tous les voyages jusqu’au carême ; et la maréchale de Noailles en donna souvent à Mme la duchesse de Bourgogne, chez elle à Versailles, qui avoit l’air d’être en particulier.




CHAPITRE V.


Plusieurs bonnes nouvelles. — D’Avaux ambassadeur en Hollande, au lieu de Briord, fort malade. — Les troupes françaises, introduites au même instant dans les places espagnoles des Pays-Bas, y arrêtent et désarment les garnisons hollandaises, que le roi fait relâcher. — Flottille arrivée. — Chocolat des Jésuites. — Philippe V reconnu par le Danemark. — Connétable de Castille ambassadeur extraordinaire à Paris. — Philippe V à Bayonne ; à Saint-Jean de Luz ; séparation des princes. — Comte d’Ayen passe en Espagne. — Duc de Beauvilliers revient malade. — Lettres patentes de conservation des droits à la couronne de Philippe V. — La reine d’Espagne abandonnée et reléguée à Tolède. — Philippe V reconnu par les Provinces-Unies. — Ouragan à Paris