Plusieurs nouvelles agréables arrivèrent fort près à près. Le roi reçut de milan
un acte qu’on n’avoit pas quoique connu : c’étoit l’investiture de Charles V du
duché de Milan et du comté de Pavie pour tous les successeurs tant mâles
que femelles ; la certitude du passage de ses troupes en Italie accordé par M. de Savoie en la forme qu’on désiroit, et un succès en Flandre qui tenoit de la
merveille et très semblable à un changement de théâtre d’opéra. Briord,
ambassadeur en Hollande, étoit tombé dangereusement malade. Les affaires
y étoient en grand mouvement. Il demanda par plusieurs courriers un
successeur, et d’Avaux y fut envoyé. Les États, qui de concert avec
l’Angleterre ne cherchoient qu’à nous amuser en attendant que leur partie fût
prête, ne se lassoient point de négocier. Ils demandoient des conférences
avec d’autant plus d’empressement que Briord étoit hors d’état d’ouïr parler
d’affaires. Le roi d’Angleterre faisoit presser le roi de les accorder. Quelque
désir qu’eut le roi d’entretenir la paix, il ne pouvoit se dissimuler les
mouvements découverts de l’empereur et la mauvaise foi de ses anciens
alliés.
Les Hollandois avoient vingt-deux bataillons dans les places espagnoles des Pays-Bas, sous les gouverneurs espagnols qui y avoient aussi quelques troupes espagnoles en moindre nombre. Puységur travailla à un projet làdessus, par ordre du roi, qu’il approuva. Il fut communiqué au maréchal de Boufflers, gouverneur de la Flandre française, et Puységur alla à Bruxelles pour le concerter avec l’électeur de Bavière, gouverneur général des Pays- Bas pour l’Espagne.