Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 5.djvu/316

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même pour prince, et n’a prétendu aucun rang ni aucune distinction comme tels en pas une. Voyons maintenant ce qu’en a su faire le maréchal de Bouillon La Tour et sa postérité.

Les étranges moyens par lesquels ils sont parvenus au rang et aux biens dont ils jouissent, et aux grands établissements de toutes les sortes qu’ils ont su se procurer, remplissent nombre de volumes qui sont entre les mains de tout le monde. Je me renferme ici à ce qui est de mon sujet, faits qu’ils ont pris et prendront grand soin d’étouffer autant qu’il leur sera possible. Il n’y en a que deux du maréchal de Bouillon en France. Gendre du fondateur des Provinces-Unies, comme à la tête du parti huguenot en France, beau-frère de l’électeur palatin, oncle de ses enfants, par conséquent de l’infortuné roi de Bohême et de l’électrice de Brandebourg, tranchant par la voie de fait de souverain de Sedan et de Bouillon, par l’argent, la faveur et toute la protection d’Henri IV, bientôt après par ceux de ses ennemis contre ce monarque et contre son fils, parmi des entreprises et des abolitions continuelles, il voulut essayer de se procurer un rang qui répondît à tant de grandes choses. Il n’en eut jamais aucun en France. Il n’y eut que les distinctions communes à tous les maréchaux de France. Il se trouva à l’assemblée des notables à Rouen, où Henri IV étoit présent et en fit l’ouverture. Le maréchal de Bouillon s’avisa de s’aller mettre dans le banc des ducs, qui l’en firent sortir ; sa ressource fut de s’aller placer à la tête de celui des maréchaux de France, dont il se trouva l’ancien, mais il sentit toute la mortification d’une tentative si peu heureuse.

L’autre fait arriva au baptême de Louis XIII, que Henri IV fit faire très solennellement. Il nomma le maréchal de Bouillon, quoique huguenot, pour porter un des honneurs[1],

  1. Dans certaines cérémonies, comme le sacre, le baptême des princes, leurs funérailles, etc., on appelle honneurs les principales pièces qui servent à la cérémonie, comme la couronne, le sceptre, l’épée, etc., pour le sacre ; le cierge, le chrémeau, l’aiguière, etc., pour les baptêmes.