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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 5.djvu/317

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car il n’y a point de difficulté avec les huguenots pour le baptême, lorsqu’il ne s’agit pas d’être parrain. Le maréchal qui se vit au rang de maréchal de France pour l’honneur qui lui étoit destiné à porter, se rabattit à supplier Henri IV de lui permettre de n’en porter aucun, ce qu’il obtint fort aisément. Il se contenta de ces deux tentatives, et n’osa pas se commettre à en entreprendre davantage, dans les intervalles qu’il passa à la cour. Il prit toujours dans ses titres la qualité de prince souverain de Sedan, de duc souverain de Bouillon, et ne signa jamais ni actes ni lettres que simplement Henri de La Tour. Pour sa femme, elle passa toute sa vie à Sedan, où il mourut en mars 1623, et elle en septembre 1643, aussi ambitieuse et guère moins habile que son mari.

Leurs enfants furent les deux célèbres frères, le duc de Bouillon et le vicomte de Turenne, la duchesse de la Trémoille, la comtesse de Roucy La Rochefoucauld, mère du comte de Roye, mort retiré en Angleterre, la marquise de Duras, mère des maréchaux de Duras et de Lorges, et du comte de Feversham, Mme de La Moussaye-Goyon, comme les Matignon, dont la branche s’est éteinte, et dont les filles furent Mmes de Montgomery et du Bordage, et Mlle de Bouillon, morte en 1662 sans alliance.

Les deux fils ne furent ni moins ambitieux, ni moins habiles, ni moins remuants que leur père. Leurs vies, dont les histoires de leur temps sont remplies, ne furent de même qu’un cercle d’entreprises et d’abolitions, et leur union, leur concert, leur mutuel appui, incomparables. Ce qui devoit coûter la tête à M. de Bouillon lui procura ce qu’il n’eût pas eu en récompense s’il eût sauvé l’État. Le cardinal Mazarin voulut s’attacher deux frères de ce mérite ; il eut peur de celui du cadet qu’il ne tenoit pas, et de ses