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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 5.djvu/399

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mettoit le pied hors de son appartement ou de l’entresol ; et pour aller de l’un à l’autre tout étoit exactement visité et barricadé pour n’être pas rencontrée.

On la considéroit auprès de Monseigneur comme Mme de Maintenon auprès du roi. Toutes les batteries pour le futur étoient dressées et pointées sur elle. On cabaloit longtemps pour avoir la permission d’aller chez elle à Paris ; on faisoit la cour à ses amis anciens et particuliers. Mgr le duc de Bourgogne et Mme la duchesse de Bourgogne cherchoient à lui plaire, étoient en respect devant elle, et attention avec ses amis, et ne réussissoient pas toujours. Elle montroit à Mgr le duc de Bourgogne la considération d’une belle-mère, que toutefois elle n’étoit pas, mais une considération sèche et importunée, et il lui arrivoit quelquefois de parler avec autorité et peu de ménagement à Mme la duchesse de Bourgogne, et de la faire e pleurer.

Le roi et Mme de Maintenon n’ignoroient rien de tout cela, mais ils s’en taisoient, et toute la cour, qui le savoit, n’en parloit qu’à l’oreille. Ce tableau suffit pour le présent. Il sera la clef de plus d’une chose. M. de Vendôme et d’Antin étoient des principaux initiés.




CHAPITRE XXII.


Duc d’Orléans a un fauteuil à Bayonne, et à Madrid le traitement d’infant. — Origine du fauteuil en Espagne pour les infants et pour les cardinaux. — Étranges abus nés des fauteuils de Bayonne à M. le duc d’Orléans et à Mlle de Beaujolois. — Origine du traversement du parquet par les princes du sang. — Époque où les princesses du sang ont quitté les housses. — Trait remarquable de M. le prince à Bruxelles avec don Juan et le roi Charles II d’Angleterre. — Ses entreprises de distinction en France. — Règlement