Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 5.djvu/400

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
contre le luxe des armées peu exécuté. — Bataille d’Almanza. — Cilly apporte la nouvelle de la victoire d’Almanza. — Valouse à Marly, de la part du roi d’Espagne. — Bockley apporte le détail, et est fait brigadier. — M. le duc d’Orléans arrive à l’armée victorieuse. — Origine de l’estime et de l’amitié de M. le duc d’Orléans pour le duc de Berwick. — Leurs différents caractères militaires. — Grand et rare éloge du duc de Berwick par M. le duc d’Orléans. — Manquement fatal de toutes choses en Espagne. — Siège de Lerida. — La ville prise d’assaut et punie par le pillage. — Le château rendu par capitulation. — Joyeuse malice du roi sur Lerida à M. le Prince. — Cilly lieutenant général. — Berwick grand d’Espagne avec les duchés de Liria et de Xerica en don, une grâce, outre cela, sans exemple en grandesse, et fait chevalier de la Toison d’or.


Les généraux des armées partirent chacun pour la leur. M. le duc d’Orléans s’arrêta à Bayonne pour voir la reine veuve de Charles Ier, qui lui donna un fauteuil. M. le duc d’Orléans, qui ne l’auroit osé prétendre, se garda bien de le refuser.

En Espagne, les infants ont un fauteuil devant le roi et la reine. Il leur est venu de celui des légats a latere, qui sont reçus partout presque comme le ’pape en personne, et à qui nos rois ont été au-devant fort loin, hors de leur ville, jusqu’à Louis XIV exclusivement, mais qui y envoya Monsieur, qui donna la main au cardinal Chigi, lequel eut, comme je l’ai marqué (t. II, p. 80), à propos de l’erreur d’une tapisserie, un fauteuil à son audience du roi. Si les légats l’ont eu en France, on peut juger si les rois particuliers des Espagnes le leur disputoient. Ils le donnèrent aussi aux cardinaux qui ont tant gagné par le grand rang des cardinaux légats, et par la fermeté de la politique romaine, à porter le leur au plus haut point qu’elle a pu. Ferdinand et Isabelle, ayant réuni les couronnes particulières d’Espagne, firent trop d’usage des papes et de la cour de Rome pour changer ce cérémonial. Philippe Ier, dit le Beau, leur gendre, à qui ces couronnes devoient toutes arriver, n’eut que celle de Castille,