Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 6.djvu/16

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avoit eue de sa mère, qui étoit Cilly [1], et il la donna aussi à M. de Vaudemont, lequel y succéda au cardinal de Retz, qui en avoit retenu la jouissance sa vie durant, et qui s’y étoit retiré en revenant d’Italie, pour payer ses dettes et y faire pénitence de sa vie passée dans la solitude. Dans les suites, le duc Léopold de Lorraine, gendre de Monsieur, acquit Commercy de M. de Vaudemont, et le laissa jouir du revenu, qui n’est pas considérable. Cette seigneurie relevoit constamment de l’évêché de Metz. Ils l’avoient donnée en fief à des seigneurs sous le nom de damoiseaux [2]. Les comtes de Nassau-Sarrebruck, qui l’ont longtemps possédée, en ont toujours reconnu les évêques de Metz, et leur en ont rendu leurs devoirs ; et les officiers du roi du bailliage de Vitry ayant formé des prétentions sur la justice de quelques paroisses de cette terre, son seigneur et le duc Antoine de Lorraine firent lever, en 1540, de la chambre de Vic, tous les actes qui démontrèrent que tout Commercy relevoit de l’évêché de Metz, et non pas du roi en rien. Le cardinal de Lenoncourt en reçut tous les devoirs, comme évêque de Metz, en 1551. Cependant cette seigneurie étoit peu à peu devenue une espèce de petite souveraineté. Il s’y forma une manière de chambre de grands jours, où les procès se jugeoient en dernier ressort. Les Cilly la possédèrent en cet état ; mais, en 1680, la chambre royale de Metz reconnut, nonobstant ces grands jours, et malgré les prétentions du bailliage de Vitry, duquel quelques paroisses relevoient, que le droit féodal et direct sur Commercy en entier appartenoit à l’évêque de Metz, et lui fut adjugé. Malgré des empêchements si dirimants, M. de Vaudemont se proposa de se faire donner par le duc de Lorraine la souveraineté de Commercy, à lui qui, de plus, avoit vendu cette terre à ce prince, qui le laissoit

  1. La mère de Charles IV était Catherine, comtesse de Salin.
  2. Ce mot, formé du latin domicellus (petit ou jeune seigneur), indiquait d’abord le fils d’un chevalier. Il servit dans la suite à désigner les possesseurs de certains fiefs et spécialement du fief de Commercy.