Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 6.djvu/165

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fixoit Mme de Maintenon par la considération du duc de Noailles, elle dont les changements de goût avoient été si funestes à des gens avec qui elle avoit été autant ou plus intimement unie et plus longuement qu’avec Chamillart Monseigneur, pour d’autres temps, leur étoit assuré par, tous ses entours. Mlle Choin, à qui les Noailles faisoient une cour servile, les ménageoit à cause de Mme de Maintenon, dont ils étoient le canal de communication avec elle ; Mme la Duchesse déjà leur amie, et d’Antin d’un autre côté ; d’un troisième, La Vallière, et Mme la princesse de Conti, quelque peu considérable qu’elle fût devenue. Enfin les liens secrets qui attachoient ensemble Mme la duchesse de Bourgogne et lès jeunes Noailles, ses dames du palais, répondoient de cette princesse pour le présent et pour le futur ; et par eux-mêmes auprès de Mgr le duc de Bourgogne ils étoient sûrs des ducs de Chevreuse et de Beauvilliers. Ils y gagnoient encore la duchesse de Guiche, dont l’esprit, le manège et la conduite avoit tant de poids dans sa famille, chez Mme de Maintenon, et auprès du roi même, et qui imposoit tant à la cour et au monde. Je n’avois avec aucun des Noailles nulle sorte de liaison, sinon assez superficiellement avec la maréchale, qui ne m’en avoit jamais parlé. Mais je croyois voir tout là pour les Chamillart, et c’étoit ce qui m’engageoit à y exhorter les Pillés, et ceux de leur plus intime famille qui pouvoient être consultés.

Le duc de Beauvilliers étoit ami intime de, Chamillart. Il pouvoit beaucoup sur lui, mais non assez pour le ramener sur des choses qu’il estimoit capitales au bien de l’État. Il espéra vaincre cette opiniâtreté en se l’attachant de plus en plus par les liens d’une proche alliance. Je n’entreprendrai pas de justifier la justesse de la pensée, mais la pureté de l’intention, parce qu’elle m’a été parfaitement connue. Lui et la duchesse, sa femme, qui ne pensèrent jamais différemment l’un de l’autre, prirent donc le dessein de faine le mariage de la fille de la duchesse de Mortemart, qui n’avoit