saillants de la contrescarpe dont ils étoient maîtres depuis huit jours. Ils repoussèrent par deux fois sept mille hommes qui attaquèrent leur chemin couvert et un tenaillon [1] ; à la troisième ils perdirent un angle du tenaillon, mais ils demeurèrent maîtres des traverses, du chemin couvert et d’un retranchement fait derrière ce tenaillon, et le prince Eugène fut blessé à cette attaque. Quelques jours, après, le chemin couvert des ouvrages à corne fut encore attaqué et conservé, mais l’autre angle de ce même tenaillon demeura aux ennemis. Tant d’actions et si grosses affaiblirent fort la garnison. La poudre commençoit à manquer. Le maréchal de Boufflers trouvoit moyen de donner souvent de ses nouvelles. On songea à y faire entrer quelques secours, s’il étoit possible. Le chevalier de Luxembourg, maréchal de camp, et aujourd’hui maréchal de France, fut chargé de le tenter. Il y marcha de Douai et l’exécuta bravement la nuit du 28 au 29 septembre, et y jeta avec lui deux mille cavaliers, ayant chacun un fusil au lieu de mousqueton, et soixante livres de poudre en croupe, ce qui donna à la place deux mille fusils et plus de cent mille livres de poudre. Deux régiments d’infanterie qui s’y devoient jeter avec lui ne purent y réussir ; il y eut peu de perte. Le chevalier de Luxembourg fut fort applaudi d’une si vigoureuse action, et fut fait sur-le-champ lieutenant général.
Le 5 octobre, le chemin couvert et le tenaillon furent attaqués par seize mille hommes. L’action fut longue et bien disputée. Ils emportèrent enfin le tenaillon et une demi-lune derrière, mais les assiégés conservèrent encore quelques coupures du chemin couvert. Cette demi-lune ne fut prise que par la faute d’un lieutenant-colonel qui s’étoit endormi, et qui fut surpris tout au commencement de l’action. Boufflers fut assez bon pour n’avoir pas voulu le nommer. L’action
- ↑ Partie des fortifications construite vis-à-vis l’une des faces de la demi-lune.