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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 7.djvu/22

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n’en pouvoient couvrir l’indiscrétion. On étoit accoutumé aux siennes, elles ne furent pas mal prises, mais elles ne servirent de rien.

Boufflers, à bout de tout, comme je l’ai dit, ne put différer que de peu de jours à obéir à l’ordre du roi qu’il avoit reçu de capituler. Il fit donc battre la chamade, et il obtint tout ce qu’il voulut par sa capitulation, qui, sans dispute, fut signée le 9, de la meilleure grâce du monde. Le prince Eugène étoit comblé d’honneur et de joie d’être venu à bout d’une si difficile conquête, malgré une armée plus forte que la leur, et commandée par l’héritier nécessaire de la couronne, et par Vendôme, qui en discours l’avoit si peu ménagé en Italie et en Flandre, quoique enfants des deux sœurs.

Un jour avant que la garnison sortît, le prince Eugène envoya demander au maréchal de Boufflers s’il voudroit bien recevoir sa visite, et dès qu’il y eut consenti, Eugène la lui rendit. Elle se passa en forces louanges et civilités de part et d’autre ; il pria le maréchal à dîner chez lui pour le lendemain, après que la garnison seroit sortie, et il fit rendre à Boufflers toutes sortes de respects et tous les mêmes honneurs qu’à soi-même. Lorsque la garnison sortit, le maréchal ne marcha point à sa tête, mais vint se mettre à côté du prince Eugène, que le chevalier de Luxembourg et tous les officiers saluèrent. Après que toute la garnison eut défilé, le prince Eugène fit monter le maréchal et le chevalier de Luxembourg dans son carrosse, se mit sur le devant, et voulut absolument que le chevalier de Luxembourg ; qu’il avoit fait monter devant lui, se mit sur le derrière auprès du maréchal de Boufflers, et donna toujours la main à la porte à tous les officiers françois que Boufflers mena dîner chez lui. Après dîner, il leur donna son carrosse et beaucoup d’autres carrosses pour les mener coucher à Douai, eux et les officiers principaux. Le prince d’Auvergne, et je pense que ce ne fut pas sans affectation, à la tête d’un