Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 7.djvu/66

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ce peu de bruit, mit incontinent le doigt sur la lettre. On en parla beaucoup et tant et si bien que les mesures furent prises contre les récidives. En effet, M. de Soubise étant mort en 1712, il fut porté à sa paroisse et de là à la Merci. J’ai voulu ne pas omettre cette bagatelle qui montre de plus en plus ces entreprises en toutes occasions, et par quels artifices les rangs et les distinctions de ce qu’on appelle princes étrangers, de naissance ou de grâce, se sont peu à peu formés.




CHAPITRE V.


Étrange histoire du duc de Mortemart avec moi. — Mort, maison, famille et caractère de Mme de Maubuisson. — Mort, emplois et caractère de d’Avaux. — Étrange et singulier motif de Louvois, qui causa la guerre de 1688. — Mort et caractère de Mme de Vivonne. — Mort et caractère de Boisseuil. — Retraite sainte de Janson.


Peu de jours avant la mort de Mme de Soubise, il m’arriva une de ces aventures auxquelles ma vie a été sujette, qui sont de ces bombes qui tombent sur la tête sans qu’on puisse les prévoir ni même les imaginer. Je finissois d’ordinaire mes journées par aller, entre onze heures et minuit, causer chez les filles de Chamillart, où j’apprenois souvent quelques choses, et à ces heures-là il n’y avoit plus personne. Causant un soir avec elles trois sur leur mère, les ducs de Mortemart et de La Feuillade s’y trouvèrent, et Mme de Cani depuis le mariage de laquelle son frère étoit admis à toutes heures. C’étoit une manière de fou sauvage, extrêmement ivrogne, que son mariage rapprivoisoit au monde sans que le monde se rapprivoisât à lui, et il n’avoit