Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 9.djvu/17

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ce peu de témoins qui les entendirent, et les consolèrent un peu dans l’espérance en eux de quelque ressource.

Mais le décret en étoit porté ; le vrai successeur de Louis XIV étoit le fils d’un rat de cave, qui ajouta dans son long et funeste gouvernement à tout ce qui s’étoit auparavant inventé en ce genre, et qui mit les publicains et leurs vastes armées en effroi, et, s’il étoit possible, en honneur par la vénération qu’il leur porta, la puissance et le crédit sans bornes qu’il leur donna, le respect odieux qu’il leur fit porter par les plus grands et par tout le monde, et les grâces et les distinctions de la cour, de l’Église et de la guerre qu’ils partagèrent avec les seigneurs, même avec préférence, jusqu’à pas une desquelles jusqu’alors aucun d’eux n’avoit osé lever les yeux.

Il faut maintenant parler d’une nouvelle bombe qui me tomba sur la tête, et rapporter ce que je n’ai fait qu’indiquer ailleurs de l’incroyable crédulité de Monseigneur.

Il faut se souvenir de ce que j’ai dit de du Mont, de la confiance de Monseigneur pour lui, et de son constant souvenir de ce que mon père avoit fait pour le sien. Il faut encore remarquer que le roi déclara, le lundi 2 juin, à Marly, le mariage de M. le duc de Berry, et qu’il alla le même jour faire à Madame la demande de Mademoiselle ; que le dimanche 15 juin, Mme de Saint-Simon fut nommée dame d’honneur de la future duchesse de Berry, de la manière qui a été rapportée, dans le cabinet du roi à Versailles ; que le dimanche 6 juillet, le mariage se fit dans la chapelle de Versailles ; que le mercredi suivant 9 juillet, le roi alla à Marly jusqu’au samedi 2 août ; qu’il y retourna le mercredi 20 août jusqu’au samedi 13 septembre ; qu’il y retourna encore le mercredi 8 octobre jusqu’au samedi 18 du même mois [1] ;

  1. Nous avons reproduit exactement les dates de Saint-Simon, qui ont été changées dans les précédentes éditions.