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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 9.djvu/259

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« Jamais, monsieur, l’anniversaire du feu roi ne me vint si mal à propos, encore qu’il m’ait fait forcer une fois la fièvre actuelle, une autre le commencement d’une rougeole, et une troisième un bras tout ouvert. À cette fois, il faut encore que le bienfaiteur l’emporte sur le bienfoit, et je porterai à Saint-Denis un cœur incisé et palpitant. Cette dernière violence ne me sera pas la moins sensible, mais c’est un hommage trop justement dû. Si je m’en croyois, je partirois tard demain et passerois à Versailles ; mais je me défie de ces hasards qui découvrent tout, et, en attendant jeudi, j’ose vous demander quatre lignes de mort ou de vie, demain au soir, pour remercier Dieu ou pour demander justice à mon maître de son fils. Sauvez-nous le sacre, nos plus sensibles entrailles, de préférence à tout ; puis souvenez-vous de faire passer le projet avec le plus de mes notes qu’il se pourra ; deinde, du point de la séance des pères et des fils conjointement, et en l’absence l’un de l’autre ; enfin de mon fait particulier, pour lequel vous avez une lettre ostensible, une analyse de ce mémoire ostensible, enfin des éclaircissements de l’un et de l’autre encore ostensibles ; car le mémoire même seroit trop long pour être montré, et une seconde lettre en supplément de mémoire. Souvenez-vous encore avec bonté que ma cause dépend de l’autorité royale que j’ai mise de mon côté par un raisonnement en soi véritable, et que le juge ne considérera pas comme étranger au fait, bien qu’il le soit, mais comme le seul motif de décision ; et n’oubliez pas que vous croyez que, si on s’obstine contre moi, un dédommagement pour moi dans mon second fils peut ne pas être regardé comme bien solide à espérer, mais ne doit pas aussi être regardé comme une chimère à n’oser proposer. Après tout cela, ne seroit-ce point outrecuidance de vous remémorer Chaulnes en nouvelle érection, par amitié vôtre, non par votre propre persuasion ? Pardonnez-moi, monsieur, toutes ces redites, vous qui savez et possédez trop mieux tous les points que je