Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 10.djvu/354

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étoient debout, pêle-mêle, à causer les uns avec les autres. Au bout d’un quart d’heure, M. le duc d’Orléans me fit appeler parmi tout ce monde, et me demanda s’il ne falloit pas se mettre en place avant l’arrivée des présidents et de la magistrature. Je lui dis que cela se pouvoit, mais qu’il suffisoit aussi d’être avertis à temps pour se placer un instant auparavant, ou même arriver tous en place en même temps qu’eux. Il jugea qu’ils alloient revenir, parce qu’il ne s’agissoit que de prendre leurs grandes robes rouges, avec leurs épitoges, et leur mortier à la main, et qu’ils ne voudroient pas faire attendre M. le duc de Berry. Ainsi il me dit de faire avertir les pairs que M. le duc de Berry et lui alloient monter aux hauts siéges, et s’y mettre en place. Cela s’exécuta un moment après, et le parquet se vida. Chacun alla rechercher à s’asseoir en lieu de voir et d’entendre. Les gens du parlement avoient cependant redoublé un banc aux hauts siéges, à droite, couvert d’un tapis fleurdelisé, pour les pairs qui ne pourroient avoir place sur le banc fixe ordinaire, adossé à la muraille, moyennant quoi il y eut place pour tous.

Je ne sais ce qui se passa entre les princes après qu’ils furent en place, car, bien que je fusse sur le banc adossé à la muraille, j’étois loin d’eux et le quinzième, parce que les pairs ecclésiastiques, qui joignent le coin du roi aux hauts siéges, à gauche, aux lits de justice, se mettent à droite quand ce n’est que parlement comme ce jour-là. Peu de temps après que nous fûmes tous en séance, attendant le parlement à revenir, je m’entendis appeler de main en main par les pairs d’au-dessus de moi, qui me dirent d’aller parler à M. le duc de Berry et à M. le duc d’Orléans, qui me demandoient. Je ne sais si M. le Duc, qui s’étoit peut-être trouvé embarrassé de se lever à son ordinaire, ou de ne se point lever, à l’exemple des deux premiers princes, à la sortie des présidents, ne les avoit point tentés de se lever à leur rentrée. J’allai donc les trouver joignant le coin du roi, et