Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/176

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CHAPITRE XI.


Testament du roi. — Ses paroles en le remettant au premier président et au procureur général pour être déposé au parlement. — Paroles du roi à la reine d’Angleterre sur son testament. — Lieu et précautions du dépôt du testament du roi. — Édit remarquable sur le testament. — Consternation générale sur le testament, et ses causes. — Duc d’Orléans ; sa conduite sur le testament. — Dernière marque de l’amitié et de la confiance du roi pour le duc de Beauvilliers, et de celles du duc pour moi. — Mort du duc de Beauvilliers. — Sa maison ; sa famille. — Son caractère et son éloge. — Époque et nature de la charge de chef du conseil royal des finances, que le duc de Beauvilliers accepte difficilement. — Malin compliment du comte de Grammont au duc de Saint-Aignan.


On étoit lors à Versailles. Le lendemain 27 août, Mesmes, premier président, et Joly de Fleury[1], procureur général, que le roi avoit mandés, entrèrent dans son cabinet à l’issue de son lever ; ils avoient vu le chancelier chez lui auparavant, la mécanique de la garde du dépôt y avoit été arrêtée. On peut juger que dès que le duc du Maine avoit été bien assuré de son fait, il l’avoit bien discutée avec le premier président, sa créature. Seuls avec le roi, il leur tira d’un tiroir sous sa clef un gros et grand paquet cacheté de sept cachets (je ne sais si M. du Maine y voulut imiter le mystérieux livre à sept sceaux de l’Apocalypse, pour diviniser ce paquet). En le leur remettant : « Messieurs, leur dit-il, c’est mon testament ; il n’y a qui que ce soit que moi qui sache ce

  1. Saint-Simon a biffé le nom de Joly de Fleury et l’a remplacé par celui de d’Aguesseau. Voy. plus bas la note suivante.