Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/263

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ont été non seulement maréchaux de France, et le dernier du vivant de son père, mais tous trois doyens des maréchaux de France, et longtemps. Le premier maréchal avoit quatre-vingt-douze ans, lorsqu’en 1663 il fut fait duc et pair dans cette cruelle fournée des quatorze [1], et qu’il en prêta le serment. Il en avoit quatre-vingt-dix-huit en 1670 lorsqu’il mourut. Il eut trois fils de ce premier mariage : le duc d’Estrées mort en janvier 1687 à Rome, où il étoit ambassadeur depuis quatorze ou quinze ans ; le second maréchal d’Estrées ; et le cardinal d’Estrées. Ce second duc d’Estrées fut père du troisième, mort avant cinquante ans, de la pierre, à Paris en 1698, et de l’évêque-duc de Laon, mort en 1694. Le troisième duc d’Estrées fut père du dernier, mort sans postérité en juillet 1723, à quarante ans passés ; et le second maréchal d’Estrées fut père du troisième, qu’il vit grand d’Espagne et maréchal de France, et qui recueillit la dignité de duc et pair ; et de l’abbé d’Estrées, commandeur de l’ordre, mort nommé archevêque de Cambrai, dont il attendoit les bulles, et qui avoit eu plusieurs ambassades, ainsi que ses deux oncles et son grand-père. On voit par ce court abrégé cinq ducs et pairs laïques, deux ducs-pairs ecclésiastiques, un cardinal, un grand d’Espagne, trois doyens des maréchaux de France, deux commandeurs et cinq chevaliers du Saint-Esprit, trois ambassadeurs, un ministre d’État et deux vice-amiraux, outre les gouverneurs des provinces ; et voilà comme les beautés élèvent des familles qui savent en profiter ! Mme de Soubise et la belle Gabrielle en sont des exemples pour la postérité. Venons maintenant au cardinal d’Estrées.

Né en 1627, il avoit vécu quarante ans avec son père, et sut profiter de ses leçons et de sa considération. La liaison la plus intime fut toute sa vie constante entre ses neveux, et petits-neveux de Vendôme, et lui dont il fut le conseil toute

  1. Voy. t. Ier, p. 449.