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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/51

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d’Albret, et de là bientôt après dans la maison de Bourbon par la mère d’Henri IV. Celle d’Anne, duchesse héritière de Bretagne et deux fois reine de France, étoit Greilly-Foix ; et le fameux Gaston de Foix, duc de Nemours, qui gagna la bataille de Ravenne où il fût tué, et sa sœur germaine, seconde femme du roi d’Aragon Ferdinand le Catholique, étoient aussi Greilly-Foix, et enfants d’une sœur de notre roi Louis XII. Si c’en étoit le lieu j’en pourrois rapporter d’autres grandeurs. M. de Foix avoit aussi les siennes dans sa branche, quoiqu’il ne vînt pas de celles-là. Cependant, avec toute la faveur constante de la marquise de Senecey et de la comtesse de Fleix sa fille, mère du duc de Foix, il ne fut pas mention de rang de prince pour une maison si distinguée, dans un temps où la reine mère étoit régente, où elle pouvoit tout, où elle se piquoit de reconnoissance, d’amitié et de toute sorte de considération pour Mme de Senecey qui avoit été chassée pour elle étant sa dame d’honneur, qu’elle rappela et remit dans sa charge dès qu’elle fut la maîtresse, et en donna la survivance à sa fille ; dans un temps où les Bouillon y parvinrent à force de félonies et d’épouvanter le cardinal Mazarin ; dans un temps où les menées et la faveur de la duchesse de Chevreuse et de Mmes de Montbazon et de Guéméné en eurent quelques prémices et s’en frayèrent le chemin pour les Rohan ; qu’auroient fait ces gentilshommes princisés s’ils avoient eu comme les Greilly des États étendus, et des royaumes dans leur maison, et surtout les Bouillon, des alliances pareilles ?

Mme de Senecey n’avoit d’enfants que la comtesse de Fleix, veuve comme elle, et celle-ci que deux garçons. Ces dames cependant n’eurent qu’un tabouret de grâce avec la pointe de celui des Rohan. Le bruit qu’en fit la noblesse, plus sage et plus instruite de ses intérêts dans la minorité de Louis XIV qu’elle ne se l’est montrée en celle de Louis XV, les fit ôter [1].

  1. Voy., sur les discordes relatives à ces tabourets, t. II. p. 153, 154, note.