Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 12.djvu/245

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de réussir. Un roman seroit un nom bien impropre à donner au rétablissement d’un gouvernement sage et mesuré ; au relèvement de la noblesse anéantie, ruinée, méprisée, foulée aux pieds ; à celui du calme dans l’Église ; à l’allégement du joug, sans attenter quoi que ce soit à l’autorité royale, joug qu’on sent assez sans qu’il soit besoin de l’expliquer, et qui a conduit Louis XIV aux derniers bords du précipice ; à laisser au moins à la nation le choix du genre de ses souffrances, puisqu’il n’est plus possible de l’en délivrer, enfin de préserver la couronne des attentats ambitieux, conserver à la maison régnante l’éclat de sa prérogative si uniquement distinctive, et la tranquillité intérieure de l’état du péril du titanisme, et des dangereuses secousses qu’il ne peut manquer d’en recevoir, puisque pour des choses si monstrueusement nouvelles on est contraint de les exprimer par des mots faits pour les pouvoir exprimer. Si des projets de cette qualité, et dont l’exécution est rendue sensible, n’ont pas réussi, c’est qu’ils n’ont pas trouvé dans le temps le plus favorable un régent assez ferme et qui eût en soi assez de suite. On en verra d’autres dans le cours de cette année et des suivantes qui ont eu le même sort. Dois-je me repentir pour cela de les avoir pensés et proposés ? J’ai toujours cru que ce n’étoit pas le succès qui décidoit de la valeur des choses qui se proposent, beaucoup moins quand il dépend d’un autre qui néglige de les suivre ou qui ne veut pas même les entreprendre. Ce qui va suivre est de ce dernier genre.