Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 12.djvu/377

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faire. Les mauvais temps en sont cause. Je vous demande pour mon petit-fils la même application et la même fidélité que vous avez eue pour moi. C’est un enfant qui pourra essuyer bien des traverses. Que votre exemple en soit un pour tous mes autres sujets. Suivez les ordres que mon neveu vous donnera, il va gouverner le royaume. J’espère qu’il le fera bien ; j’espère aussi que vous contribuerez tous à l’union, et que si quelqu’un s’en écartoit, vous aideriez à le ramener. Je sens que je m’attendris, et que je vous attendris aussi, je vous en demande pardon. Adieu, messieurs, je compte que vous vous souviendrez quelquefois de moi. »

Un peu après que tout le monde fut sorti, le roi demanda le maréchal de Villeroy, et lui dit ces mêmes paroles qu’il retint bien, et qu’il a depuis rendues : « Monsieur le maréchal, je vous donne une nouvelle marque de mon amitié et de ma confiance en mourant. Je vous fais gouverneur du Dauphin, qui est l’emploi le plus important que je puisse donner. Vous saurez par ce qui est dans mon testament ce que vous aurez à faire à l’égard du duc du Maine. Je ne doute pas que vous ne me serviez après ma mort avec la même fidélité que vous l’avez fait pendant ma vie. J’espère que mon neveu vivra avec vous avec la considération et la confiance qu’il doit avoir pour un homme que j’ai toujours aimé. Adieu, monsieur le maréchal, j’espère que vous vous souviendrez de moi. »

Le roi, après quelque intervalle, fit appeler M. le Duc et M. le prince de Conti, qui étoient dans les cabinets ; et sans les faire trop approcher, il leur recommanda l’union désirable entre les princes, et de ne pas suivre les exemples domestiques sur les troubles et les guerres. Il ne leur en dit pas davantage ; puis entendant des femmes dans le cabinet, il comprit bien qui elles étoient, et tout de suite leur manda d’entrer. C’étoit Mme la duchesse de Berry, Madame, Mme la duchesse d’Orléans, et les princesses du sang qui crioient, et à qui le roi dit qu’il ne falloit point crier ainsi.