Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 12.djvu/485

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

me donnez espérance de vous revoir, mais jusqu’à ce que je sache le jour positivement je n’en croirai rien, car j’ai été trompée bien des fois. Je le souhaite fort, et je vous assure que vous ne le serez jamais [trompé] de, puisque 手 c’est la même chose que 米 »

Les deux lettres suivantes, adressées à Mazarin, qui étoit à l’armée avec Louis XIV, doivent être de 1654 (probablement août).

« Puisque c’est par raison et non par volonté que vous ne revenez pas, je ne trouve rien à redire. Je veux grand mal aux destinées de vous obliger à demeurer plus longtemps que je ne voudrois, et vous croirez aisément que je ne suis point jalouse, quand je vois le confident [1] et ce qu’il aime ici. »

« Ce dimanche au soir.

« Ce porteur m’ayant assuré qu’il irait fort souvent, je me suis résolue de vous envoyer ces papiers, et vous dire que, pour ce retour que vous me remettez [2], je n’ai garde de vous en rien demander, puisque vous savez bien que le service du roi m’est bien plus cher que ma satisfaction. Mais je ne puis qu’empêcher de vous dire que je crois que, quand l’on a de l’amitié, la vue de ceux que l’on aime n’est pas désagréable, quand ce ne seroit que pour quelques heures. J’ai bien peur que l’amitié de l’armée soit plus grande que toutes les autres. Tout cela ne m’empêchera pas de vous prier d’embrasser de ma part notre ancien ami [3], et de croire que je serai toujours celle que je dois, quoi qu’il arrive. »

En 1655, pendant une nouvelle absence de Mazarin, Anne d’Autriche lui écrivit les lettres suivantes :

« A la Fère, ce 12 août 1655.

« Votre lettre du 8 août a été reçue plus tôt que celle du 9, puisque l’une le fut hier et l’autre aujourd’hui. J’en étois en peine ; car, comme je suis assurée que vous m’écrivez tous les jours, cela me manquoit. Elle est arrivée, et il n’y en a eu pas une de perdue. J’attends Gourville qui n’est pas encore arrivé, et vous croirez bien que ce n’est pas sans quelque impatience, puisque je dois savoir vos résolutions par lui. J’ai vu un gentilhomme que M. de Marillac envoie au roi, et comme il y a tant de difficulté à l’aller trouver où il est, je lui ai dit de s’en retourner à Paris trouver son maître, et aussi que je me chargeois d’envoyer sa lettre et que lui renverrois la

  1. Par le confident, la reine désigne le jeune Louis XIV.
  2. C’est-à-dire que vous remettez à ma discrétion.
  3. Louis XIV.