Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

études. L’exacte et savante Histoire ecclésiastique qu’on a de lui, et ses excellentes et savantes préfaces en forme de discours au-devant de chacun des livres qui composent ce grand ouvrage, rendront à jamais témoignage de son savoir et de son amour pour la vérité. Il eut peine à consentir à son choix ; il [ne] s’y détermina que par l’âge du roi, où il n’y avoit rien à craindre, et par le sien, qui lui donneroit bientôt prétexte de se retirer, comme il fit en effet avant qu’il pût avoir lieu de craindre son ministère, pendant lequel il ne parut que pour la pure nécessité.

Mme d’Armenonville mourut de la petite vérole, qui fit sur jeunes et vieux bien du ravage toute cette année. Peu de jours après la duchesse de Richelieu en mourut aussi sans enfants. Elle étoit fille unique du marquis de Noailles, frère du cardinal et de la duchesse de Richelieu, troisième femme du père de son mari. C’étoit une très jeune femme, mais de vertu, d’esprit et de beaucoup de mérite, que le bel air de son mari n’avoit pas rendue heureuse.

Le maréchal de Châteaurenaud mourut à plus de quatre-vingts ans. C’étoit un fort homme d’honneur ; très brave, très bon homme, et très grand et heureux homme de mer, où il avoit eu de belles actions, que le malheur même de Vigo ne put ternir. Avec tout cela, il se peut dire qu’il n’avoit pas le sens commun. Son fils unique avoit épousé une dernière sœur du duc de Noailles, par où il avoit eu la survivance de la grande lieutenance générale de Bretagne qu’avoit son père. Trois jours avant sa mort, le duc de Noailles avoit furtivement obtenu et fait expédier sur-le-champ un brevet de retenue de cent vingt mille livres pour sa sœur, sur la charge de vice-amiral, qui jamais n’avoit été vendue, et qui fut présenté à Coetlogon, premier lieutenant général qui la demanda, qui ne s’attendoit à rien moins qu’à cette apparition, et qui n’en voulut pas payer un denier. C’étoit, aussi bien que Châteaurenaud, un des plus braves hommes et des meilleurs hommes de mer qu’il