Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
Albéroni, qui fait écrire vivement par la reine d’Espagne jusqu’à se prostituer. — Triste situation de l’Espagne. — Abattement politique du P. Daubenton, qui sacrifie à Albéroni une lettre du régent au roi d’Espagne. — Audacieux et pernicieux usage qu’en fait Albéroni. — Il fait au régent une insolence énorme. — Réflexion. — Albéroni, dans l’incertitude et l’embarras des alliances du régent, consulte Cellamare. — Efforts des Impériaux contre le traité désiré par le régent. — Conduite des Hollandois avec l’Espagne. — Conférence importante avec Beretti. — Caractère de cet ambassadeur d’Espagne. — Sentiment de Cadogan, ambassadeur d’Angleterre à la Haye, sur l’empereur. — Étrange réponse d’un roi d’Espagne au régent dictée par Albéroni, qui triomphe par des mensonges. — Albéroni profite de la peur des Turcs et de l’embarras du pape sur sa constitution Unigenitus, pour presser sa promotion par menaces et par promesses. — Offres du pape sur le clergé des Indes et d’Espagne. — Monstrueux abus de la franchise des ecclésiastiques en Espagne. — Réflexion. — Le pape ébranlé sur la promotion d’Albéroni par les cris des Espagnols, raffermi par Aubenton. — Confiance du pape en ce jésuite. — Basse politique de Cellamare et de ses frères à Rome. — Cardinal de La Trémoille dupé sur la promotion d’Albéroni, pour laquelle la reine d’Espagne écrit de nouveau. — Sentiment d’Albéroni sur les alliances traitées par le régent. — Il consulte Cellamare. — Réponse de cet ambassadeur. — Manèges des Impériaux contre les alliances que traitoit le régent. — Altercations entre eux et les Hollandois sur leur traité de la Barrière, qui ouvrent les yeux à ces derniers et avancent la conclusion des alliances. — Beretti abusé. — L’Espagne veut traiter avec les Hollandois. — Froideur du Pensionnaire, qui élude.


Albéroni n’avoit proprement qu’une unique affaire, c’étoit celle de son chapeau, à laquelle toutes celles d’Espagne, dont il étoit entièrement le maître, étoient subordonnées, et ne se traitoient que suivant la convenance de l’unique. Ainsi, répondant aux avis qu’on a vu qu’Aldovrandi lui avoit donnés en lui mandant l’engagement que le pape avoit enfin pris de lui donner un chapeau, il lui manda que, sans l’accomplissement de cette condition, la reine d’Espagne ne consentiroit jamais à aucune de toutes les choses que le pape pourroit désirer, comme aussi, en recevant la grâce désirée, il promettoit en récompense que le pape ne seroit ni pressé ni