Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/161

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imposoit depuis longtemps sur les vaisseaux qui revenoient des Indes, au lieu duquel on établiroit un tarif certain sur les retours des flottes. Le dessein étoit aussi d’armer huit vaisseaux pour lesquels on attendoit les agrès de Hollande pour la fin de l’année, qui devoient partir en avril, de faire apporter tout le tabac à Cadix, vendu désormais sur le seul compte du roi, dont on faisoit espérer un profit du double, dont on verroit l’effet en 1718, et qu’en attendant on offroit déjà pour l’année 1717 une augmentation de trois cent mille écus. Albéroni se flattoit de rendre le commerce d’Espagne plus florissant que jamais par sa prévoyance, et par la plénitude d’autorité qui lui seroit confiée, et il commença à la fin de cette année 1716 à faire travailler aux ports de Cadix et du Ferrol en Galice dont la situation est admirable, sur lequel on avoit de grandes vues, et le lieu principal où on se proposoit de bâtir des vaisseaux.

Un autre projet proposé par le prince de Santo-Buono-Carraccioli, vice-roi du Pérou, homme de beaucoup d’esprit et de mérite, fut de démembrer de son commandement les provinces de Santa-Fé, Carthagène, Panama, Quito, la Nouvelle-Grenade, pour en faire le département d’un troisième vice-roi, résidant à Santa-Fé, et cela fut approuvé du roi d’Espagne. Le marquis de Valero, vice-roi du Mexique, donnoit aussi de grandes espérances ; il vouloit être regardé comme attaché à la reine. C’étoit de ce nom qu’Albéroni appeloit ses amis, et ce fut de ceux-là dont il tâcha de remplir les places subalternes lorsqu’il changea tous ces postes au commencement de 1717. Les abus étoient grands et les prétextes ne manquoient pas de faire les retranchements qu’il méditoit. Plusieurs conseillers du conseil des Indes trouvés en grandes fraudes, furent chassés, et plusieurs juntes de finances supprimées. Albéroni comptoit que de