Le traité entre la France et l’Angleterre, signé, comme on l’a dit, à la Haye, étoit demeuré secret dans l’espérance d’y faire accéder les Hollandois ; mais ce secret, qui commençoit à transpirer, ne put être réservé plus longtemps au seul cabinet du régent. Il fallut bien, avant qu’il devînt public, en faire part au conseil de régence, et auparavant au maréchal d’Huxelles, qui devoit le signer et en envoyer la ratification. C’étoit l’ouvrage de l’abbé Dubois et son premier grand pas vers la fortune. Il avoit tellement craint d’y être traversé qu’il avoit obtenu du régent de n’en faire part à personne ; mais je n’ai jamais douté que le duc de Noailles et Canillac, alors ses croupiers, n’en fussent exceptés. Huxelles, jaloux au point où il l’étoit des moindres choses, étoit outré de voir l’abbé Dubois dans toute la confiance, et traiter à Hanovre, puis à la Haye, à son insu de tout ce qu’il s’y passoit. Au premier mot que le régent lui dit du traité il le fut encore davantage, et n’écouta ce qu’il en apprit que pour le contredire. Le régent, essaya de le persuader ; il n’en reçut que des révérences, et [Huxelles] s’en alla bouder chez