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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/215

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et en même temps il le fit entrer au conseil de régence. Quelques jours après, il y fit entrer Pelletier de Sousi, qui n’y venoit que les jours de finance. Quoique très ancien conseiller d’État, il prit la dernière place après MM. de Troyes, Torcy et Effiat, qui ne l’étoient point, sans que les conseillers d’État en murmurassent. Ce haut et bas de leur part, je ne l’ai point compris, et sitôt après tant de bruit à l’occasion de l’entrée de l’abbé Dubois dans le conseil des affaires étrangères. M. le prince de Conti entra aussi au conseil de guerre, qui se tenoit chez le maréchal de Villars. M. le Duc, qui n’y fut point, le trouva mauvais, et prétendit que, lorsqu’il ne se tenoit point au Louvre, ce devoit être chez lui à l’hôtel de Condé. M. le duc d’Orléans se moqua de cette prétention, et, pour la rendre ridicule, il alla lui-même au conseil de guerre qui se tint chez le maréchal de Villars quelques jours après.

Mme de Maintenon, oubliée et comme morte dans sa belle et opulente retraite de Saint-Cyr, y fut considérablement malade, sans que cela fût presque su, ni que cela fît la moindre sensation sur ceux qui l’apprirent.

Albergotti fut trouvé presque mort le matin par ses valets entrant dans sa chambre, et ne vécut que peu d’heures après. Il avoit des attaques d’épilepsie qu’il cachoit avec grand soin, et il s’en joignit d’apoplexie. Il étoit neveu de Magalotti, Florentin comme lui, qui avoit été capitaine des gardes du cardinal Mazarin, et qui mourut lieutenant général et gouverneur de Valenciennes, duquel j’ai parlé en son temps. Le maréchal de Luxembourg, ami intime de Magalotti, avoit fait d’Albergotti comme de son fils, ce qui l’avoit mis dans les meilleures compagnies de la cour et de l’armée, et l’avoit fort lié avec tout ce qui l’étoit avec M. de Luxembourg, par conséquent avec M. le Duc et M. le prince de Conti, et avec toute la cabale de Meudon, car il savoit s’échafauder et aller de l’un à l’autre. Pour le faire connoître en deux mots, c’étoit un homme digne d’être confident et