Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/278

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les lois contre elle, qui s’est noircie de tout ce que l’artifice et la persécution ont de plus odieux, et opposer la honte de l’épiscopat et du sacerdoce en tout genre pour la plupart à l’élite qui forme tout l’autre parti, décorée de ses souffrances et purifiée par le feu de la persécution ? Que pourroient opposer à tant de savoir et de vertu les grâces alors flétries par faute de pouvoir, et les mines de protection du premier de ses chefs, et les repoussantes clameurs de l’autre ; les rusés si reconnues de leurs principaux ouvriers du premier et du second ordre, dont les mœurs de la plupart, la conduite et l’ambition de tous, les ont rendus l’abomination du monde jusque dans l’usage le plus effréné de leur crédit et de leur pouvoir et Rome qui recule devant un roi de Portugal, et pour une grâce qui ne dépend que d’elle, qui ne tient ni à vérité ni à religion, grâce injuste, même scandaleuse, sera-t-elle plus audacieuse contre un groupe si vénérable du premier et du second ordre, soutenu de la multitude rendue à la liberté, et des parlements engagés par leur appel dans la même cause, Rome, dis-je, dépouillée de l’autorité royale, qui faisoit tout trembler sous elle, mais qui avec ce terrible avantage n’a pourtant jamais osé que menacer.

J’ajoutai à cette peinture que son personnage, à lui régent, étoit bien honnête et bien facile. Il n’avoit qu’à laisser faire et jouir de ce qui se feroit et des appels en foule qu’il verroit éclater. Dire au pape et aux chefs de la constitution qu’ils ne devoient pas attendre du pouvoir précaire d’un régent plus qu’ils n’avoient pu obtenir de la redoutable et absolue autorité du feu roi, qui l’avoit si longtemps déployée on leur faveur tout entière ; qu’il y a de plus, bien loin de ce dont il s’agissoit alors à ce qui s’entreprenoit aujourd’hui. Alors il ne s’agissoit que de la condamnation d’un livre, et de se taire sur la constitution. Aujourd’hui que, les desseins croissant avec le pouvoir, il ne s’agit de rien moins que d’embraser la France par toutes les intrigues imaginables, jusqu’à y vouloir faire entrer les premières puissances