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Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/357

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coffres du roi. Tout cela néanmoins est insuffisant ; et il n’est pas malaisé d’en conclure qu’il en faut venir à frapper de plus grands coups, dont la bonté de Votre Altesse Royale ne peut que difficilement se résoudre à donner les ordres et que ceux qui par leurs emplois les lui peuvent suggérer, et les doivent exécuter, craignent de prendre l’événement sur eux.

Ceux-là sentent maintenant la faute qu’ils ont faite de vous avoir détourné de la convocation des états généraux à la mort du roi. Ils avoient compté sur des arrangements et des ressources qui leur ont manqué, après avoir assuré Votre Altesse Royale que la finance se rétabliroit aisément en suite de certaines opérations nécessaires, et l’en avoir persuadée par, leur propre confiance. Mais la principale de ces opérations est celle qui cause le plus de désordre dans les finances. Ce n’est point par l’avoir prévu, et m’y être constamment opposé autant que le respect pour vous me l’a permis, que je fais ici mention de la chambre de justice, mais parce que les suites en sont telles qu’il n’est pas possible de n’en pas dire un mot. Je me garderai bien de retoucher aucune des raisons que j’eus l’honneur de vous représenter contre cet établissement, dès le premier moment que vous me fîtes celui de m’en parler, et que j’ai pris la liberté de vous répéter souvent. Mais en même temps qu’il étoit juste et nécessaire de punir les excès des gens d’affaires d’une manière qui remplit les coffres du roi au soulagement du peuple, ce qui est arrivé de l’interruption du commerce étoit infiniment à craindre de la voie qui a été prise, et d’un manque de confiance dont le remède est impossible tant que les suites en seront subsistantes, et que les états généraux ne paraissent pas propres à fournir.

En effet, bien que le tribunal de la chambre de justice ait terminé ses séances, l’examen de ce qu’elle a laissé imparfoit se continue chez M. le duc de La Force. Il a eu peine à s’en charger sans un nombre de personnes suffisantes pour expédier promptement les matières et pour s’entr’éclaircir