Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/369

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qui y est décidée. Eh ! que Votre Altesse Royale perde en ceci toute confiance aux adresses, aux négociations, aux interpositions. Tout se mesurera par la décision, et dans cette décision tout n’est qu’accessoire, hors un point unique qui est celui de la question.

De la manière dont cette question sera déterminée, tout dépendra donc pour vous, c’est-à-dire la haine certaine des uns, le gré médiocre des autres, qui à travers tout pénétreront, se porteront, ne considéreront que vous comme convocateur et moteur de l’assemblée : convocateur certain et d’autant plus assuré que vous l’aurez fait en toute liberté ; moteur, personne n’en sauroit répondre que le dépit de ceux qui auront perdu leur procès ; mais à l’égard de qui l’aura gagné, peu de gré à vous, un médiocre à l’assemblée, beaucoup à la nature de leur cause ou à celle de leurs établissements, non peut-être sans quelque indignation de tant de circuits et de peines à se voir enfin au bout des leurs. Au contraire, la haine et le dépit de qui l’aura perdu, n’osant et ne pouvant mordre sur une telle assemblée avec laquelle il seroit trop imprudent de rompre toute mesure ; tombera à plomb sur vous d’une manière d’autant plus envenimée que la solennité du jugement en aura infiniment augmenté la douleur et la confusion. Ainsi, Monseigneur, comptez d’en recueillir une haine d’autant plus dangereuse que cette voie de finir la question est plus solennelle et publique, conséquemment plus pénétrante ; que cette haine sera trop forte pour ne tomber sur personne, que l’assemblée n’en est pas susceptible, que par les raisons touchées, et par mille autres, vous êtes le seul à qui elle puisse s’appliquer.

La double vue qui vous fait penser à porter l’affaire des princes aux états généraux, ne pouvant que vous faire plus lourdement tomber dans ce que vous voulez éviter et que vous attendiez de cette voie, la conclusion n’est pas difficile que les réflexions de Votre Altesse Royale doivent la porter à l’abandonner sur ce point. Or, celui des finances n’en