Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/382

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touchée plus haut, sans qu’on en pût prévoir les suites. Concluez donc de cet article, Monseigneur, que vous ne pouvez employer sagement les deux moyens qui le forment pour empêcher les propositions des états, comme vous devez avoir conclu de l’article précédent que les états en feront, sans qu’il soit possible d’en prévoir la nature ni le nombre, mais qu’il n’y en peut avoir aucune qui ne porte coup sur l’autorité royale.

8° J’ai eu l’honneur de vous observer, dès l’entrée de ce mémoire, qu’après tout ce qui a été tenté de différents remèdes sur la finance, Votre Altesse Royale résolue, puis détournée à mon cuisant regret, de convoquer les états généraux au moment de la déclaration de votre régence, ne peut revenir à cette pensée que par la nécessité de frapper de grands coups, par la peine que sa bonté et son équité en ressentent, et ceux qui sous elle gèrent les finances pour éviter d’en prendre les événements sur eux. Je le répéterai ici sans répugnance, Votre Altesse Royale ne m’a point fait l’honneur de me rien faire entendre sur la nature de ces grands coups, ainsi je n’en puis raisonner qu’en général, et trois mots suffiront à cet article.

Souvenez-vous de ce que je vous ai représenté, dans la première partie de ce mémoire, sur la suppression ou la diminution des rentes sur le roi. Considérez que la nature des choses est telle que, malgré vous, tous les remèdes que vous avez employés sont très durs, et par conséquent très peu propres à vous avoir bien disposé une assemblée aussi grande, et qui ne souffre pas moins de votre administration, pour ne rien dire de plus, que de celle qui l’ont précédée, malgré toutes les grandes et justes espérances conçues. Pesez avec tout ce que vous avez de pénétration s’il n’y a rien à craindre ni apparent, ce dernier terme n’est point trop fort, que la proposition que vous ferez de ces grands coups aux états n’y soit mal prise et refusée, ou par des instances et des supplications ardentes, fortes, réitérées, ou d’une