Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/389

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cardinal du Perron scandalisa, troubla l’assemblée, et, jusqu’à la fin du dernier règne, ceux de son sentiment pour Rome ont su en tirer de grands avantages. Si quelque chose d’approchant arrivoit aux états, comme il est difficile que la nature de l’affaire ne le produise, quel embarras pour Votre Altesse Royale entre les deux partis dont l’un relèveroit vivement l’autre ! Et si les parlements, singulièrement destinés à veiller au maintien des libertés de l’Église gallicane se portoient à quelque démarche à ces occasions, et que les états vinssent à prétendre que c’est attenter à la dignité et à la liberté de leur assemblée, quelle division dans le troisième ordre, et quelles nouvelles difficultés pour vous !

Si, après ces considérations, on se renferme uniquement dans la matière qui forme celle des délibérations des états, n’est-il pas à craindre qu’il n’y résulte de la division entre un grand nombre de députés du premier et du troisième ordre, de l’aigreur que les procédures de plusieurs prélats et les arrêts de plusieurs parlements ont fait naître, et que des personnes qui se croient avoir été réprimées mal à propos ne soient disposées à s’élever dans les délibérations d’autres matières contre les avis de celles des jugements desquelles elles sont encore mécontentes. C’est le moins qui puisse arriver et une faiblesse de l’humanité qui ne se rencontre que trop partout, et qui néanmoins pourroit apporter une grande longueur et de grands mouvements aux affaires. Il y auroit bien d’autres considérations à représenter sur le premier ordre aux réflexions de Votre Altesse Royale. Celle de la juridiction ecclésiastique, trop bornée à son gré par les parlements, pourroit former ici un article long et important. On peut aisément prévoir que le premier ordre en fera un de demande là-dessus, qu’il pressera d’autant plus vivement que l’affaire de la constitution a donné lieu à renouveler ses désirs d’une autorité plus étendue. Cette même affaire a pu aussi faire sentir à Votre Altesse Royale la nécessité du contre-poids, et les parlements ne seront pas