Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/404

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dont rien ne le fera départir, qui se commettra très possiblement avec le troisième ordre en ne voulant pas l’admettre à ce jugement, et très certainement sur le fond et la forme de son soulagement, et du rétablissement solide de ses privilèges anéantis, sans possibilité de compatir ensemble avec des intérêts si grands et si opposés, malgré l’union qui paroît maintenant entre quelques membres de ces deux ordres, et qui n’embarrassera pas moins à refuser qu’à accorder ce soulagement avec le mécontentement général de tous les gens de guerre.

Le troisième ordre en scission en soi-même, et commis avec les deux autres ordres, pour de ce dernier ordre en faire comme deux, avec toutes les difficultés et les contentions qui en naîtroient, et séparément sur les points qu’on vient de voir avec chacun des deux autres ordres et avec les parlements ; le danger de la banque du sieur Law ; enfin, les exemples des notables de Rouen sous Henri IV, roi d’effet alors comme de droit, et des états tenus sous la minorité de Louis XIII.

Voilà, Monseigneur, en peu de lignes une vaste et sérieuse matière à vos réflexions. J’ai essayé de la développer avec le moins de confusion et de choses inutiles ou étrangères que j’ai pu dans le tissu de ce mémoire. Je l’aurois bien désiré plus court, et ]e dégoût de sa matière ne m’y a que trop convié ; mais son étendue, plus propre à un volume qu’à un simple mémoire, ne me l’a pas permis ; et je me suis souvenu que Votre Altesse Royale, chargée de tout le poids d’un gouvernement pénible, n’a pas le temps de faire toutes les réflexions nécessaires. J’ai donc cru y devoir suppléer en lui mettant sous les yeux celles qui me sont venues dans l’esprit. L’excellence du vôtre en fera un juste discernement, et la bonté de Votre Altesse Royale excusera la disproportion du mien. Qu’elle me permette de lui protester de nouveau le désintéressement entier avec lequel je l’ai fait, et la peine que j’ai eue à des remarques que j’aurois omises