Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/407

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c’est aussi, outre ce que je devois à sa personne et à son rang en lui écrivant des choses si principales, ce qui m’a engagé à y employer plus de louanges et de tours pleins de respect.

Cette même faiblesse que les ducs avoient si cruellement éprouvée, les étranges conjonctures, et nos requêtes pour la restitution de notre rang à l’égard des bâtards, ne me permirent pas de faire aucune mention du droit des pairs sur le jugement de l’affaire des princes ; c’est ce qui a fait que je me suis contenté de glisser sur cette matière avec une sage réticence, mais telle qu’elle-même ni rien qui soit dans le mémoire y puisse faire de tort. Du reste, j’ai tâché de ne rien dire qui pût blesser aucun corps ni aucun particulier, et à ne rapporter que des vérités connues et des inconvénients tels que, en y réfléchissant, on ne puisse disconvenir qu’ils sautent tous aux yeux. D’ailleurs on ne peut trouver mauvais ce que je dis à la louange et de l’oppression de la noblesse, ni de ce peu que j’ai laissé échapper sur le gouvernement du feu roi à cet égard, que j’ai même exprimé moins que je ne l’ai fait entendre. À l’égard du petit mot qui se trouve glissé sur la conduite de cette prétendue noblesse et sur le rang de prince étranger, par opposition à ce qu’on a vu qui se passa en 1649, il me semble qu’on n’en peut blâmer la ténuité, et, si j’ose le dire, la délicatesse ; et que c’eût été une affectation de n’en point faire mention du tout qui auroit été très susceptible d’être mal interprétée. Je m’explique toujours ici dans l’esprit où j’étois en faisant ce mémoire, quoique fort brusquement, de le rendre public, si je m’y trouvois forcé.

Heureusement je n’en eus pas besoin ; car je hais les scènes et les plaidoyers publics.