Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/434

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Villars lui en fit les honneurs. La maréchale de Villars y alla pour le voir comme bayeuse. Il sut que c’étoit elle, et lui fit beaucoup d’honnêtetés.

Lundi 17 mai, il dîna de bonne heure avec le prince Ragotzi, qu’il en avoit prié, et alla après voir Meudon, où il trouva des chevaux du roi pour voir les jardins et le parc à son aise. Le prince Ragotzi l’y accompagna.

Mardi 18, le maréchal d’Estrées le vint prendre à huit heures du matin et le mena, dans son carrosse, à sa maison d’Issy, où il lui donna à dîner, et l’amusa fort le reste de la journée avec beaucoup de choses qu’il lui fit voir touchant la marine.

Mercredi 19, il s’occupa de plusieurs ouvrages et ouvriers. Mme la duchesse de Berry et Mme la duchesse d’Orléans, à l’exemple de Madame, envoyèrent le matin complimenter le czar par leurs premiers écuyers. Elles en avoient toutes trois espéré un compliment ou même une visite. Elles se lassèrent de n’en point entendre parler, et à la fin se ravisèrent. Le czar répondit qu’il irait les remercier. Des princes et princesses du sang, il ne s’en embarrassa pas plus que des premiers seigneurs de la cour, et ne les distingua pas davantage. Il avoit trouvé mauvais que les princes du sang eussent fait difficulté de l’aller voir, s’ils n’étoient assurés qu’il rendroit une visite aux princesses du sang, ce qu’il rejeta avec grande hauteur, tellement qu’aucune d’elles ne le vit que par curiosité, en voyeuse, excepté Mme la princesse de Conti, par hasard. Tout cela s’expliquera dans la suite.

Jeudi 20 mai, il devoit aller dîner à Saint-Cloud, où M. le duc d’Orléans l’attendoit avec cinq ou six courtisans seulement, mais un peu de fièvre qu’il eut la nuit l’obligea le matin de s’envoyer excuser.

Vendredi 21, il alla voir Mme la duchesse de Berry au Luxembourg, où il fut reçu comme le roi. Après sa visite il se promena dans les jardins. Mme la duchesse de Berry s’en alla cependant à la Muette pour lui laisser la liberté de voir