Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/437

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point. Il voulut manger seul avec ses gens au retour dans l’île de l’Étang de la cour des Fontaines. Ils s’y dédommagèrent de leurs fatigues. Il revint à Petit-Bourg seul dans un carrosse avec trois de ses gens. Il parut dans ce carrosse qu’ils avoient largement bu et mangé.

Mardi le 1er juin, il s’embarqua au bas de la terrasse de Petit-Bourg pour revenir par eau à Paris. Passant devant Choisy, il se fit arrêter, et voulut voir la maison et les jardins. Cette curiosité l’obligea d’entrer un moment chez Mme la princesse de Conti qui y était. Après s’être promené il se rembarqua, et il voulut passer sous tous les ponts de Paris.

Jeudi 3 juin, octave de la Fête-Dieu, il vit de l’hôtel de Lesdiguières la procession de la paroisse de Saint-Paul. Le même jour il alla coucher encore à Versailles, qu’il voulut revoir avec plus de loisir ; il s’y plut fort, et voulut aussi coucher à Trianon, puis trois ou quatre nuits à Marly dans les pavillons les plus près du château qu’on lui prépara.

Vendredi 11 juin, il fut de Versailles à Saint-Cyr où il vit toute la maison et les demoiselles dans leurs classes. Il y fut reçu comme le roi. Il voulut aussi voir Mme de Maintenon qui dans l’apparence de cette curiosité s’étoit mise au lit, ses rideaux fermés hors un qui ne l’étoit qu’à demi. Le czar entra dans sa chambre, alla ouvrir les rideaux des fenêtres en arrivant, puis tout de suite tous ceux du lit, regarda bien Mme de Maintenon tout à son aise, ne lui dit pas un mot ni elle à lui, et sans lui faire aucune sorte de révérence, s’en alla. Je sus qu’elle en avoit été fort étonnée et encore plus mortifiée ; mais le feu roi n’étoit plus. Il revint le samedi 12 juin à Paris.

Le mardi 15 juin, il alla de bonne heure chez d’Antin à Paris. Travaillant ce jour-là avec M. le duc d’Orléans, je finis en une demi-heure ; il en fut surpris et voulut me retenir. Je lui dis que j’aurois toujours l’honneur de le trouver, mais non le czar qui s’en alloit, que je ne l’avois point